96 vint ! année assez banale,
Si ce n'est qu'à Marlioz on parle de "cavale" !
C'est d'abord le doyen, maître dans la science,
Ex- joueur de rugby, homme de confiance
Retiré en "104", espèce d'antichambre
De la biologie et fief de Georges Cambres.
Jean Claude aussi s'en va, il retire ses guêtres,
Laissant derrière lui cent élèves et leurs maîtres :
Bernadette au grand cur, Chantal et ses ouailles,
Gilbert vivant du bois, Michel dans la ferraille,
Marie Claude et Annie, Thierry et Jacqueline,
Claude Baillat enfin, contents qu'il se débine.
D'autres nous quittent aussi : une à la retraite,
C'est Madame Collomb qui a prénom Juliette,
Et puis Madame Gros qui veut partir d'ici
Et porter ses pénates là-bas, à Rumilly.
N'oublions pas aussi les pauvres "auxiliaires"
Corvéables à merci, pris comme mercenaires,
Nommés un an ici, une autre année ailleurs,
N'étant pas titulaires et donc, grands voyageurs.
Dans ce lot figuraient des gens très sympathiques :
En math Jacques Pignarre et en français Yannick,
En histoire-géo c'est Jérôme Esquevin ;
Puis Laurence Charlet, Anne Marcel enfin
Très jeunes professeurs oh ! combien dynamiques
Pédagos confirmés, excellents linguistiques.
Est-ce que j'en oublierai ? Vraiment qu'ils me pardonnent,
Surtout les surveillants si ceux-ci abandonnent.
A tous ceux qui s'en vont, de tout cur je leur souhaite
Meilleure vie ailleurs, excellente retraite,
Une santé de fer et un moral d'acier
Trop de fois malmenés par notre dur métier.
Arrive le moment où je dois rendre hommage
A ceux qui sont partis là- haut, sur un nuage
Certainement trop tôt puisqu'ils nous ont quittés
Sans un consentement, sans y être invités :
L'épouse de Nano Ferrari, Bernadette,
Un vingt six novembre ; puis Claude Lalancette,
Un 14 juillet ; mais l'année la plus triste
Fut quatre vingt quatorze ; car pour clore la liste
De nos chers disparus, il faut citer, hélas,
Mesdames Annie Lacour et Monique Rama.
Tournons nous maintenant vers ceux qui ont choisi
De rester au Collège en tant que "Marliozi".
Ils ne font pas partie d'une secte ou d'un clan
Mais ils sont tout de même rangés au même ban !
Que dire des matheux ? Ils en ont de la chance
De pouvoir enseigner cette noble science
A de gentils bambins qui même un peu obtus
Savent que sans les math l'avenir est foutu.
Alors ils faut les voir, et Maryse et Colette,
Nadine et Marie-Thé et puis Elisabeth,
Injecter dans le crâne sans faire des dégâts
Ce tissu adipeux qu'est la bosse des maths.
Quelques uns en réchappent, (je parle des élèves),
Pour qui ces sacrés maths font partie de leurs rêves
Parce qu'ils ont compris que dans cette matière
Tout comme pour un jeu, ce n'est pas la galère,
Car si on manipule les règles avec passion
On s'amuse aussi bien qu'au foot ou qu'au morpion !
Allez faire comprendre cela à des potaches
Quand enseigner les maths est la seule des tâches !
Alors on fait appel aux maîtres littéraires.
"Pourquoi ne sont-ils pas si forts en ces matières" ?
Répondez, s'il vous plaît, Patrick ou bien Nicole
Est-il si difficile en sortant de l'école
De savoir manier avec dextérité
Théorèmes de math, règles de la dictée ?
Et vous Chantal, Renée, Maryvone et Monique
Dites-moi je vous prie sans trop de polémique
S'il n'est pas insensé de dire ou de penser
Qu'on soit bon en algèbre et puis nul en français ?
Je l'avoue maintenant, cela n'est pas simpliste,
Qu'on puisse en rigolant devenir latiniste :
Il faut être à la fois et matheux et fada
Pour savoir décliner rosæ, rosis, rosa.
Et sans vouloir vexer aucune de ces dames
Enseignant le latin, ces deux maîtresses femmes
Hébert Elizabeth et Burquier Marie-Jo,
Volontiers je vous laisse à votre cher Gaffiot.
Des plus privilégiés sont au second étage.
Commençons par la droite, couloir au bleu pelage
Desservant huit espaces oh ! combien encombrés
D' hi-fi, magnétoscopes, magnétos et télés.
C'est la tour de Babel puisque là cohabitent
Allemand, espagnol, italien et la suite ...
Je parle des anglais puisque tant bien que mal
Il leur faut les trois quarts de l'espace vital :
Josie est sous les combes, Daniel côté Sonnaz
Avec Jay Bernadette et Mireille Gruaz.
Nicole Rivollier partage la 200
Puisqu'elle travaillait un peu plus d'un mi-temps.
Ces gens-là s'entretiennent dans un langage "immonde"
Et celui-ci fait foi, dit-on, de par le monde !
Quant à moi j'ai un doute : étant plus terre à terre,
Je crois qu'ils s'intéressent à la vieille Angleterre
Pour pouvoir savamment se "tirer" pour mal dire
Quelques jours en avril au pays de Shakespeare !
Oh ! les hispanisants et autre italianiste,
Vous suivez vous aussi une pareille piste.
N'en déplaise à Martine pas plus qu'à Gabrielle,
S'en vouloir vous chiner ou vous chercher querelle,
Dès que vient le printemps vous êtes réjouies
De filer en Espagne, ou bien en Italie.
Ce n'est pas tout à fait pareil pour l'Allemagne
Car pour aller là-bas, au pays de cocagne,
Le moins qu'on puisse dire et sans être" trublion"
"On se bouscule peu ou pas au portillon".
En revanche il faut dire, car c'était le treizième,
L'échange avec Horb en verra des "énièmes" !
Les élèves de Pierre avec ceux de Karine
Joueront encore longtemps "Pierrot et Colombine".
Mais ce n'est pas fini car au second, encor,
Dans cette zone franche aux portes jaune d'or
Dans un capharnaüm de cartes et d'atlas
On voit de temps à autre Gisèle Faugeras,
Philippe, Maryvonne, Nicole Grandemange
Jérôme et Wanda ; ça vous paraît étrange
De trouver en ces lieux projecteurs de diapos,
Et rétroprojecteurs et documents photos ?
Bien sûr que non, collègues, car il en faut peuchère
Pour pouvoir étudier ce qui traite de la Terre.
Ne soyez pas jaloux habitants de l'autre aile
Car vous êtes nantis encore de plus belle !
Votre violet royaume, l'atelier "mécano",
Font bien des envieux quand on est "hors techno".
Si les ordinateurs fleurissent en ce domaine
On ne les compte pas, ça n'en vaut pas la peine
Puisque cet appareil occupe aujourd'hui
Une place de choix et simplifie la vie.
Mais vous avez encore bien d'autres privilèges :
Vos salles trop étroites et le manque de sièges
Obligent chaque année notre administrateur
A vous distribuer encore une faveur :
Comme vous l'exprimez dans vos fiches de vux
On arrive à scinder toutes vos classes en deux !
Mais quel que vous soyez, Serge, Jacques et Albert,
Marie Louise aussi, il n'y a pas plus expert
Pour tirer ces enfants plus ou moins en échec
Et bien les dégourdir dans ces classes de" tech".
Je ne vous oublie pas physiciens, biologistes,
Et les maîtres de l'Art, véritables artistes,
Et ceux qui hors nos murs, professeurs de gymnique
Assurent malgré tout l' Éducation Physique
Sur des terrains pierreux, bien peu entretenus,
Sur un stade de sports où les beaux jours venus
On vous flanque à la porte, enfin dans un gymnase
Vieux de plus de vingt ans et complètement nase !
Combien je vais vous plaindre oh! collègues très chers
Quand je serai parti naviguant sur les mers !
Je penserai à vous sur des terres lointaines
Je serai plein de joies et vous remplis de peines
Non que je sois parti, mais que vous vous restiez
Sur un bateau géant, immobile, équipiers
Rêvant de celui-là qui s'en va en vacance
Et vous laisse tout seul avec votre malchance.
Mais soyez rassurés : Si votre beau navire
Reste ancré à "Drumette"c'est loin d'être le pire !
Ici vous ne craignez le vent ni la tempête.
Le meilleur de l'équipe bien évidemment reste :
Mireille Overney, des plus jeunes nommées,
Est encore avec vous de nombreuses années
Offrant ses documents avec assez de verve
Et permettant parfois qu'un autre vous les serve.
(Comme quoi voyez-vous même au CDI
Peu à peu on arrive à partager aussi.)
Et puis plus retirée, près de son coffre fort,
Danielle Consigny gère bien son trésor ;
Et Dieu sait si c'est dur pour une gestionnaire
De manier l'argent avec art et manière
Vous offrant et son temps et ses économies
Au prix de quel labeur et combien d'insomnies !
Car, vous ne savez pas, et c'est là tout le hic
Elle doit rendre des compte à un genre de fisc
Des rentrées et sorties, ça n'est pas rigolo,
Auprès d' un Inspecteur et autre "Chicano".
J'en ai même connu qui par excès de zèle
Se sont vus condamnés et puis battre de l'aile.
Alors épargnez-la et comme auparavant
Elle vous servira en tous lieux, en tout temps,
Au restaurant scolaire, aidée d'Anne Marie
Et Michèle et Monique, et Philippe et Thierry,
Et Mireille et Martine , Renée et les nouveaux
Qui viendront compléter son équipe d 'ATOSS.
Merci également à tous les CES
Qui nous ont tant aidés avec art et tendresse ;
Il est très difficile de pouvoir les nommer
Puisqu'ils ont fait légion : tous ont su assumer.
Qui reste-t-il ? Voyons : "Qui compte le matin
Ecrit l'après midi, qui toujours prête main" ?
Je vous le donne en mille, c'est une devinette.
Vous avez tous trouvé, mais oui ! c'est Bernadette.
Et qui reste fidèle pendant toute l'année
Assaillie par les chefs à longueur de journée
Accueillant un parent , professeur ou élève
Toujours en souriant, sans répit et sans trêve ?
La réponse est aisée: qui à part Marie-Jo
Serait prête à son tour à faire ce boulot ?
Quand on a eu la chance d'avoir deux secrétaires
Aussi qualifiées, (bien qu'elles soient fonctionnaires),
On a pu avancer, s'investir, s'élever
Sans prendre de gros risques, sans trop se fatiguer.
Elles font partie de ceux qu'on aime et qu'on adore
Car sans elles on serait vite dans le décor.
Yvette, c'est vers toi que je tourne les yeux :
Je salue ton courage, ton côté généreux,
Ta manière de dire comme ça, sans façon
Ce que tu as dans le cur ... ou dans ton carafon !
J'en arrive maintenant au point le plus sensible
Dernière position puisque d'après la Bible
Il est bien libellé qu'au jugement dernier
Celui qui clôt la liste est vu comme premier.
Je pourrais humblement plagier La Fontaine
Et si sur une fable il fallait que j'enchaîne
Je serais bien gêné : il est bien plus génial
Quand il parle de "Chefs" que moi d'un "Principal".
Je veux être assez bref et simplement vous dire
De tous ceux que j'ai eus c'est loin d'être le pire.
Vous le voyez souvent derrière la barrière
Mais entre vous et lui il n'y a pas de frontière ;
Il sait vous écouter, trouver la solution
A vos souhaits les plus chers, surtout faire attention
De ne pas entraver idées et objectifs
Que vous avez jugés, vous, comme impératifs.
En sage homme qu'il est il laisse s'exprimer
Tout le bien qui est en vous et sans rien imposer
Sachant freiner parfois des actions trop brutales
Promouvoir et aider les choses originales
Tout en restant le maître et le catalyseur
De toute l'énergie dont vous êtes porteurs.
Il est dur quelquefois de le suivre à la trace
Car comme chacun croit, à la première place
Ça a l'air plus facile que dans le peloton :
Mais avec l' expérience je puis vous dire non !
Sachez tous cependant ménager la monture !
Vous en aurez besoin pour boucler l'aventure
Ce qui vous permettra, la carrière finie,
D'entrer remplis de forces dans la nouvelle vie.
Vous m'avez écouté sagement je suppose
Et je vais désormais ne plus parler qu'en prose ;
Pas tout de suite encore, il me faut bien conclure
Et puis je me tairai, oh ! oui, je vous le jure ;
Je vous ai sûrement ennuyés à travers
Un propos insipide et quelques mauvais vers.
Ainsi grâce à vous tous ça fera treize années
Qu'avec vous aujourd'hui je compte avoir passées
De façon amicale, même si quelque fois
Sottement j'ai agi, car trop vite parfois,
Mais très honnêtement avec comme droit fil :
"Toujours rendre service". Amen ; Ainsi fût-il !
Jean M i l l e t
Collège Marlioz Aix les Bains. Mardi 25 juin 1996.