Discours de Jean Millet

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Discours de Pierre Schoeffer 

 

Au seuil de ma retraite.

Propos dédié à Pierre SCHŒFFER.

 

96 vint ! année assez banale,

Si ce n'est qu'à Marlioz on parle de "cavale" !

C'est d'abord le doyen, maître dans la science,

Ex- joueur de rugby, homme de confiance

Retiré en "104", espèce d'antichambre

De la biologie et fief de Georges Cambres.

Jean Claude aussi s'en va, il retire ses guêtres,

Laissant derrière lui cent élèves et leurs maîtres :

Bernadette au grand cœur, Chantal et ses ouailles,

Gilbert vivant du bois, Michel dans la ferraille,

Marie Claude et Annie, Thierry et Jacqueline,

Claude Baillat enfin, contents qu'il se débine.

 

D'autres nous quittent aussi : une à la retraite,

C'est Madame Collomb qui a prénom Juliette,

Et puis Madame Gros qui veut partir d'ici

Et porter ses pénates là-bas, à Rumilly.

 

N'oublions pas aussi les pauvres "auxiliaires"

Corvéables à merci, pris comme mercenaires,

Nommés un an ici, une autre année ailleurs,

N'étant pas titulaires et donc, grands voyageurs.

Dans ce lot figuraient des gens très sympathiques :

En math Jacques Pignarre et en français Yannick,

En histoire-géo c'est Jérôme Esquevin ;

Puis Laurence Charlet, Anne Marcel enfin

Très jeunes professeurs oh ! combien dynamiques

Pédagos confirmés, excellents linguistiques.

Est-ce que j'en oublierai ? Vraiment qu'ils me pardonnent,

Surtout les surveillants si ceux-ci abandonnent.

A tous ceux qui s'en vont, de tout cœur je leur souhaite

Meilleure vie ailleurs, excellente retraite,

Une santé de fer et un moral d'acier

Trop de fois malmenés par notre dur métier.

 

Arrive le moment où je dois rendre hommage

A ceux qui sont partis là- haut, sur un nuage

Certainement trop tôt puisqu'ils nous ont quittés

Sans un consentement, sans y être invités :

L'épouse de Nano Ferrari, Bernadette,

Un vingt six novembre ; puis Claude Lalancette,

Un 14 juillet ; mais l'année la plus triste

Fut quatre vingt quatorze ; car pour clore la liste

De nos chers disparus, il faut citer, hélas,

Mesdames Annie Lacour et Monique Rama.

 

Tournons nous maintenant vers ceux qui ont choisi

De rester au Collège en tant que "Marliozi".

Ils ne font pas partie d'une secte ou d'un clan

Mais ils sont tout de même rangés au même ban !

 

Que dire des matheux ? Ils en ont de la chance

De pouvoir enseigner cette noble science

A de gentils bambins qui même un peu obtus

Savent que sans les math l'avenir est foutu.

Alors ils faut les voir, et Maryse et Colette,

Nadine et Marie-Thé et puis Elisabeth,

Injecter dans le crâne sans faire des dégâts

Ce tissu adipeux qu'est la bosse des maths.

Quelques uns en réchappent, (je parle des élèves),

Pour qui ces sacrés maths font partie de leurs rêves

Parce qu'ils ont compris que dans cette matière

Tout comme pour un jeu, ce n'est pas la galère,

Car si on manipule les règles avec passion

On s'amuse aussi bien qu'au foot ou qu'au morpion !

Allez faire comprendre cela à des potaches

Quand enseigner les maths est la seule des tâches !

 

Alors on fait appel aux maîtres littéraires.

"Pourquoi ne sont-ils pas si forts en ces matières" ?

Répondez, s'il vous plaît, Patrick ou bien Nicole

Est-il si difficile en sortant de l'école

De savoir manier avec dextérité

Théorèmes de math, règles de la dictée ?

Et vous Chantal, Renée, Maryvone et Monique

Dites-moi je vous prie sans trop de polémique

S'il n'est pas insensé de dire ou de penser

Qu'on soit bon en algèbre et puis nul en français ?

 

Je l'avoue maintenant, cela n'est pas simpliste,

Qu'on puisse en rigolant devenir latiniste :

Il faut être à la fois et matheux et fada

Pour savoir décliner rosæ, rosis, rosa.

Et sans vouloir vexer aucune de ces dames

Enseignant le latin, ces deux maîtresses femmes

Hébert Elizabeth et Burquier Marie-Jo,

Volontiers je vous laisse à votre cher Gaffiot.

 

Des plus privilégiés sont au second étage.

Commençons par la droite, couloir au bleu pelage

Desservant huit espaces oh ! combien encombrés

D' hi-fi, magnétoscopes, magnétos et télés.

C'est la tour de Babel puisque là cohabitent

Allemand, espagnol, italien et la suite ...

Je parle des anglais puisque tant bien que mal

Il leur faut les trois quarts de l'espace vital :

Josie est sous les combes, Daniel côté Sonnaz

Avec Jay Bernadette et Mireille Gruaz.

Nicole Rivollier partage la 200

Puisqu'elle travaillait un peu plus d'un mi-temps.

Ces gens-là s'entretiennent dans un langage "immonde"

Et celui-ci fait foi, dit-on, de par le monde !

Quant à moi j'ai un doute : étant plus terre à terre,

Je crois qu'ils s'intéressent à la vieille Angleterre

Pour pouvoir savamment se "tirer" pour mal dire

Quelques jours en avril au pays de Shakespeare !

 

Oh ! les hispanisants et autre italianiste,

Vous suivez vous aussi une pareille piste.

N'en déplaise à Martine pas plus qu'à Gabrielle,

S'en vouloir vous chiner ou vous chercher querelle,

Dès que vient le printemps vous êtes réjouies

De filer en Espagne, ou bien en Italie.

 

Ce n'est pas tout à fait pareil pour l'Allemagne

Car pour aller là-bas, au pays de cocagne,

Le moins qu'on puisse dire et sans être" trublion"

"On se bouscule peu ou pas au portillon".

En revanche il faut dire, car c'était le treizième,

L'échange avec Horb en verra des "énièmes" !

Les élèves de Pierre avec ceux de Karine

Joueront encore longtemps "Pierrot et Colombine".

 

Mais ce n'est pas fini car au second, encor,

Dans cette zone franche aux portes jaune d'or

Dans un capharnaüm de cartes et d'atlas

On voit de temps à autre Gisèle Faugeras,

Philippe, Maryvonne, Nicole Grandemange

Jérôme et Wanda ; ça vous paraît étrange

De trouver en ces lieux projecteurs de diapos,

Et rétroprojecteurs et documents photos ?

Bien sûr que non, collègues, car il en faut peuchère

Pour pouvoir étudier ce qui traite de la Terre.

 

Ne soyez pas jaloux habitants de l'autre aile

Car vous êtes nantis encore de plus belle !

Votre violet royaume, l'atelier "mécano",

Font bien des envieux quand on est "hors techno".

Si les ordinateurs fleurissent en ce domaine

On ne les compte pas, ça n'en vaut pas la peine

Puisque cet appareil occupe aujourd'hui

Une place de choix et simplifie la vie.

Mais vous avez encore bien d'autres privilèges :

Vos salles trop étroites et le manque de sièges

Obligent chaque année notre administrateur

A vous distribuer encore une faveur :

Comme vous l'exprimez dans vos fiches de vœux

On arrive à scinder toutes vos classes en deux !

Mais quel que vous soyez, Serge, Jacques et Albert,

Marie Louise aussi, il n'y a pas plus expert

Pour tirer ces enfants plus ou moins en échec

Et bien les dégourdir dans ces classes de" tech".

 

Je ne vous oublie pas physiciens, biologistes,

Et les maîtres de l'Art, véritables artistes,

Et ceux qui hors nos murs, professeurs de gymnique

Assurent malgré tout l' Éducation Physique

Sur des terrains pierreux, bien peu entretenus,

Sur un stade de sports où les beaux jours venus

On vous flanque à la porte, enfin dans un gymnase

Vieux de plus de vingt ans et complètement nase !

 

Combien je vais vous plaindre oh! collègues très chers

Quand je serai parti naviguant sur les mers !

Je penserai à vous sur des terres lointaines

Je serai plein de joies et vous remplis de peines

Non que je sois parti, mais que vous vous restiez

Sur un bateau géant, immobile, équipiers

Rêvant de celui-là qui s'en va en vacance

Et vous laisse tout seul avec votre malchance.

 

Mais soyez rassurés : Si votre beau navire

Reste ancré à "Drumette"c'est loin d'être le pire !

Ici vous ne craignez le vent ni la tempête.

Le meilleur de l'équipe bien évidemment reste :

Mireille Overney, des plus jeunes nommées,

Est encore avec vous de nombreuses années

Offrant ses documents avec assez de verve

Et permettant parfois qu'un autre vous les serve.

(Comme quoi voyez-vous même au CDI

Peu à peu on arrive à partager aussi.)

 

Et puis plus retirée, près de son coffre fort,

Danielle Consigny gère bien son trésor ;

Et Dieu sait si c'est dur pour une gestionnaire

De manier l'argent avec art et manière

Vous offrant et son temps et ses économies

Au prix de quel labeur et combien d'insomnies !

Car, vous ne savez pas, et c'est là tout le hic

Elle doit rendre des compte à un genre de fisc

Des rentrées et sorties, ça n'est pas rigolo,

Auprès d' un Inspecteur et autre "Chicano".

J'en ai même connu qui par excès de zèle

Se sont vus condamnés et puis battre de l'aile.

Alors épargnez-la et comme auparavant

Elle vous servira en tous lieux, en tout temps,

Au restaurant scolaire, aidée d'Anne Marie

Et Michèle et Monique, et Philippe et Thierry,

Et Mireille et Martine , Renée et les nouveaux

Qui viendront compléter son équipe d 'ATOSS.

 

Merci également à tous les CES

Qui nous ont tant aidés avec art et tendresse ;

Il est très difficile de pouvoir les nommer

Puisqu'ils ont fait légion : tous ont su assumer.

 

Qui reste-t-il ? Voyons : "Qui compte le matin

Ecrit l'après midi, qui toujours prête main" ?

Je vous le donne en mille, c'est une devinette.

Vous avez tous trouvé, mais oui ! c'est Bernadette.

Et qui reste fidèle pendant toute l'année

Assaillie par les chefs à longueur de journée

Accueillant un parent , professeur ou élève

Toujours en souriant, sans répit et sans trêve ?

La réponse est aisée: qui à part Marie-Jo

Serait prête à son tour à faire ce boulot ?

Quand on a eu la chance d'avoir deux secrétaires

Aussi qualifiées, (bien qu'elles soient fonctionnaires),

On a pu avancer, s'investir, s'élever

Sans prendre de gros risques, sans trop se fatiguer.

Elles font partie de ceux qu'on aime et qu'on adore

Car sans elles on serait vite dans le décor.

 

Yvette, c'est vers toi que je tourne les yeux :

Je salue ton courage, ton côté généreux,

Ta manière de dire comme ça, sans façon

Ce que tu as dans le cœur ... ou dans ton carafon !

 

J'en arrive maintenant au point le plus sensible

Dernière position puisque d'après la Bible

Il est bien libellé qu'au jugement dernier

Celui qui clôt la liste est vu comme premier.

Je pourrais humblement plagier La Fontaine

Et si sur une fable il fallait que j'enchaîne

Je serais bien gêné : il est bien plus génial

Quand il parle de "Chefs" que moi d'un "Principal".

Je veux être assez bref et simplement vous dire

De tous ceux que j'ai eus c'est loin d'être le pire.

Vous le voyez souvent derrière la barrière

Mais entre vous et lui il n'y a pas de frontière ;

Il sait vous écouter, trouver la solution

A vos souhaits les plus chers, surtout faire attention

De ne pas entraver idées et objectifs

Que vous avez jugés, vous, comme impératifs.

En sage homme qu'il est il laisse s'exprimer

Tout le bien qui est en vous et sans rien imposer

Sachant freiner parfois des actions trop brutales

Promouvoir et aider les choses originales

Tout en restant le maître et le catalyseur

De toute l'énergie dont vous êtes porteurs.

Il est dur quelquefois de le suivre à la trace

Car comme chacun croit, à la première place

Ça a l'air plus facile que dans le peloton :

Mais avec l' expérience je puis vous dire non !

 

Sachez tous cependant ménager la monture !

Vous en aurez besoin pour boucler l'aventure

Ce qui vous permettra, la carrière finie,

D'entrer remplis de forces dans la nouvelle vie.

 

Vous m'avez écouté sagement je suppose

Et je vais désormais ne plus parler qu'en prose ;

Pas tout de suite encore, il me faut bien conclure

Et puis je me tairai, oh ! oui, je vous le jure ;

Je vous ai sûrement ennuyés à travers

Un propos insipide et quelques mauvais vers.

 

Ainsi grâce à vous tous ça fera treize années

Qu'avec vous aujourd'hui je compte avoir passées

De façon amicale, même si quelque fois

Sottement j'ai agi, car trop vite parfois,

Mais très honnêtement avec comme droit fil :

"Toujours rendre service". Amen ; Ainsi fût-il !

 

Jean M i l l e t

Collège Marlioz Aix les Bains. Mardi 25 juin 1996.