Allocution de M. Henri DALIX, lors des
obsèques de Jacques FARAUD, à Chambéry le vendredi 26 juillet 2013
Après un accident de santé grave, la fin tragique de Jacques FARAUD nous a
tous laissés, abattus et surpris en même temps que chagrins. Notre
première réaction, certes, interroge, mais elle appelle à respecter sa
décision, dans le silence, et nous porte surtout à entourer tous les siens
dans la douleur.
Jacques, notre collègue, notre ami, n'aimait pas les discours et je veux
souligner que mon intervention, ce jour, est avant tout un témoignage
d'amitié de la part de toute la communauté éducative du CES Marlioz, et
également du Foyer de ski de fond du Revard, et de tous ses amis, pour
Michèle, son épouse, pour Patrick et Didier, ses enfants et petits enfants
et leurs familles.
"On doit des égards
aux vivants, aux morts, on ne doit que la vérité" écrivait VOLTAIRE.
Jacques, Charentais d'origine, après de bonnes études secondaires, a
intégré sur concours l'ENSEPS, et, à sa sortie, a obtenu un premier poste
de professeur à Paris, avant de solliciter une mutation "pour la montagne"
: le lycée Vaugelas à Chambéry. Plus tard, il sera nommé à Aix-les-bains
pour se rapprocher de Michèle, son épouse qui avait obtenu un poste de
documentaliste dans le lycée de la ville. C'est au Collège Marlioz que j'a
connu Jacques.
Il n'était pas Savoyard, mais je peux témoigner, avec d'autres, que
rapidement il s'est intégré à notre province tant par ses fonctions
d'enseignant que par ses activités associatives, et aussi par son amour de
la montagne et de la neige.
Professeur d'EPS, rugbyman de qualité, skieur de piste de talent, puis
skieur de fond, il a su faire l'unanimité dans le collège : apprécié par
ses élèves, ses collègues, les parents d'élèves, l'administration. Homme
de qualité, foncièrement bon, dont la sagesse n'avait d'égale que sa
discrétion, il avait avec ses élèves ce contact confiant, calme, qui
n'excluait pas une rigueur adaptée, qui permettait à l'acte éducatif de se
réaliser dans une ambiance sereine, sans jamais négliger le "savoir-être"
si précieux, pour la formation des adolescents.
"On ne nait pas homme, on le devient". Ses avis et conseils
étaient toujours empreints de cette pondération qui le caractérisait et il
a laissé le souvenir d'un enseignant juste , enthousiaste, consciencieux,
en un mot, exemplaire.
Deux passions, par ailleurs, le caractérisaient, discrètement : cette
connaissance de la musique classique, en véritable mélomane, friand de
culture musicale, avec une préférence marquée pour J.S. Bach et son
siècle. Cette musique l'accompagnait dans son atelier quand il s'adonnait
à sa seconde passion, le dessin et la peinture. Ses nombreuses et belles
œuvres ont fait l'objet d'expositions, où il accueillait les visiteurs,
leur donnant avec enthousiasme, sa conception de son art et les
commentaires de ses œuvres.
Jacques, skieur de piste (avec son ami Lapeyre) puis skieur de fond nous a
rejoints en 1970 avec sa collègue Mme DÉLÉANI, pour participer à la
création du Foyer de ski de fond du Revard, avec les conseils de P.
Gallet. Tous deux nous ont proposé, en hiver, de réserver des heures d'EPS
de certaines classes du collège à la pratique du ski de fond au Revard.
Dans le même temps, avec ces deux professeurs, nous suivions un stage à
Autrans pour pouvoir enseigner la "foulée classique" du ski de fond et
devenir des piliers du Foyer du Revard.
Avec Jacques nous avons alors participé à notre niveau à quelques
compétitions "longues distances"… Mais permettez-moi de rappeler notre
dernière "aventure"… au Rallye des Coulmes, en Dauphiné. Avec Jacques, en
doublettes, nous avons abordé cette piste unique, tracée aux pieds, dans
la neige profonde, dans la forêt, avec, en cours de route, des "ateliers"
où l'on devait répondre à des questions culturelles spécifiques et
inattendues.… Alors que notre temps de parcours était assez bon, nos
résultats aux questionnaires furent négatifs. (Comment connaître la
superficie de la forêt ?) Sans parler d'une légendaire arrivée sur
une route damée et gelée en pente, qui avait reçu, pour faciliter les
arrêts, après la ligne d'arrivée, un saupoudrage conséquent de machefers.
Fous rires, rires, l'Amitié.
Jacques avec Michèle, couple fusionnel, partaient avec les enfants pour
des voyages dans le monde, où la culture le disputait à la détente, aux
sports, à la pêche, aux contacts avec les habitants. Ainsi la Grèce et la
Crête étaient des lieux familiers. À noter aussi leurs magnifiques
résultats pour rénover la vieille ferme qu'ils avaient acquise et en faire
leur maison-musée, à leur goût, une réussite complète.
Jacques, avec toutes ses facettes, était ce personnage cultivé, attachant,
qui ne pouvait laisser indifférent : une voix au timbre caractéristique,
des gestes, des expressions, un regard…
On dit que "La
véritable mort c'est l'oubli", Jacques nous ne t'oublierons pas.